C'est très bon

Une douce lueur de malveillance- Dan Chaon

« Comment s’appelle cette sensation que l’on éprouve quand on est convaincu que le monde est condamné ? C’est une sensation physique, comme l’hypoglycémie ou l’excès de caféine, un message envoyé par le cerveau reptilien. Et l’espace d’un instant, on a l’intime conviction qu’il ne s’agit pas uniquement de soi. (…) Nous, créatures de la terre, sommes bel et bien foutus »

Dustin est un psychologue au passé chargé et au présent compliqué (sa femme est atteinte d’un cancer, l’un des fils se drogue…). Une partie de sa famille a été assassinée lorsqu’il était enfant. Son frère adoptif, qui fut accusé un temps du crime, sort enfin de prison, innocenté. Il cherche à recontacter Dustin mais celui-ci refuse.

Un des patients de Dustin, ex policier mis à l’arrêt pour des raisons obscures, le pousse à s’intéresser à des disparitions de jeunes gens, des étudiants que l’on retrouve noyés… tous deux vont mener l’enquête.

« Une douce lueur… » que j’ai lu pendant les vacances de Noël (dernier livre de l’année 2020!) est  bien difficile à résumer mais également à chroniquer (j’ai pris le temps, mais j’avais envie de le faire). Il m’a donné bien du fil à retordre.

Rien de doux, juste du très noir et du très malveillant dans ce roman. Il y est question de mensonges, de drogue, de maltraitance, de meurtres sordides… (on se dit que la mule est quand même un poil trop chargée et que tous ces malheurs qui accablent le pauvre Dustin, tout de même…).

Il se distingue surtout par sa forme atypique totalement déconcertante. J’ai même cru que le problème venait de ma liseuse : des mots semblent manquer, des espaces étranges apparaissent dans le texte et le fin du fin… cette soudaine mise en page en colonnes, censée exprimer le trouble dans lequel se trouvent les personnages, sous l’emprise de la drogue, que l’on devine confus et instables… inquiétants.

Alternance de narrateurs, temporalité mouvante… Dan Chaon ne facilite vraiment pas la tâche du lecteur. Il faut le savoir avant de se lancer dans cette lecture (je ne le savais pas…) exigeante. Si l’on veut se reposer la tête, il faut éviter ce livre.

Je serais bien en peine de vous dire si j’ai aimé ce roman ou pas. Ce qui est sûr, c’est que je n’ai jamais rien lu qui ressemble à « ça ». J’ai traversé différentes phases au cours de ma lecture, j’ai été agacée très souvent, en particulier par la présentation en colonnes que j’ai trouvé « too much », même si elle a du sens, on le comprend peu à peu. Mais ce qui domine, c’est la fascination. Oui, voilà un roman que l’on peut qualifier de fascinant, perturbant, hypnotisant même.

Enfin, si l’on ne jette pas l’éponge, découragé par les méandres, la noirceur, la mort au bout du chemin et le zéro espoir qui pèse sur chaque page, on est récompensé par un final grandiose. Et ça devient rare, les fins réussies…

« Cela arrive certainement à tout le monde, à un certain âge : vous levez les yeux un instant et vous ne savez plus très bien quelle est la vraie vie. Vous vous êtes divisé en un si grand nombre d’alvéoles qu’elles sont à peine conscientes les unes des autres – elles arpentent, parallèlement, leur propre flux de pensée, et chacune pense être moi ».

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12 réflexions au sujet de « Une douce lueur de malveillance- Dan Chaon »

  1. Il est sur ma PAL depuis l’avis très élogieux de Marie-Claude (Hop sous la couette) et je ne lis depuis que des billets déçus ou soulignant sa complexité… mais ta phrase « je n’ai rien lu qui ressemble à ça » suffit à me motiver !!

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