« Anne-Lise est comme la vie. Elle génère innocemment un bouillonnement stupide et continu »
Des femmes, quittées ou qui décident de quitter, des femmes à l’heure des choix, au tournant de leur vie amoureuse, de leur vie tout court…
La lecture de ce recueil de nouvelles est le résultat d’un magnifique hasard. J’écoute les trois entretiens de Marie Desplechin dans l’émission « Bookmakers » sur Arte Radio (super émission pour qui s’intéresse à l’écriture et au travail de l’écrivain) Je les écoute attentivement car je connais mal cette auteure (normal, elle écrit pour la jeunesse, c’est pas vraiment mon créneau comme chacun sait) et je trouve tout ce qu’elle raconte très intéressant. Je note qu’elle a écrit il y a quelques années un recueil de nouvelles intitulé « trop sensibles », pas spécialement réservé à un jeune public. Un jour plus tard, je fais un tour à la médiathèque, je n’y trouve rien ou très peu de choses. Un peu dépitée, je jette tout de même un oeil à la la lettre D. Une impulsion. Et je tombe sur le recueil de nouvelles de Marie Desplechin évoqué la veille ! Je n’ai pas tout perdu, je repars avec. Fin de l’histoire.
Quelle écriture singulière, un peu décalée, si poétique et teintée d’humour, malgré la tristesse, la solitude qui habitent les personnages ! Je n’ai pas aimé toutes les nouvelles de la même façon, mais j’ai trouvé épatant le talent de Marie Desplechin pour raconter des petites choses de la vie, d’une voix que je n’ai jamais entendue/lue nulle part.
Une femme s’installe avec un homme et il n’est jamais là, il travaille vraiment beaucoup…(« Quelque chose ne va pas ») une autre vit dans l’ombre d’une soi-disant amie qui la rabaisse et lui rendra la monnaie de sa pièce ( « Yûgen, mystère ineffable » ma nouvelle préférée, jubilatoire !) une autre encore, sur un bateau avec son fils, son compagnon et le père de celui-ci, se montre exécrable car elle a le mal de mer, cette balade maritime pourrait bien sonner le glas d’une histoire d’amour (« En mer »). On est d’accord, rien de révolutionnaire dans les sujets de ces nouvelles, mais cette écriture, cette façon de raconter … c’est « gracieux et féroce » comme le dit la quatrième de couverture. On ne saurait mieux dire. Caresse et coup dans les dents tout à la fois, comme ici : « Je comptais pas mal d’amis (…) j’avais affiché sur les murs de mon couloir les photos de toute cette joyeuse compagnie, filles souriantes, garçons rêveurs. Je pouvais ainsi m’assurer de visu que l’impression poignante de solitude qui me brisait parfois les reins était le fruit d’une chute de calcium, et non un avertissement sans frais expédié par ma conscience morte d’ennui ».
Tellement beau…
Je regrette vraiment que Marie Desplechin ait définitivement renoncé à écrire pour les adultes.
C’est ma première participation au challenge « textes courts » de Lydia 🙂
J’ai lu un roman d’elle, je ne sais plus lequel, il y a déjà quelques années. J’avais bien aimé. Je note ce recueil. Je l’ai rencontrée plusieurs fois aussi en librairie.
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Oui je l’ai rencontrée une fois lors du prix Points qu’elle présidait. Sympathique et talentueuse!
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Dommage, en effet.
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Elle a été échaudée semble-t-il par l’accueil réservé à ses livres pour adultes.
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Je crois qu’il y a plus de 100 pages, non ?
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J’ai rien compris on dirait … bon je ferai mieux ( ou moins ..) la prochaine fois …
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😉
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Tu as raison, une femme très intéressante. J’ai offert plusieurs de ses livres à ma petite-fille et, bien entendu, je les ai lus avant ! Jolie plume
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