C'est très bon

Le coeur en laisse- Line Papin

 

              « Elle m’était devenue aussi indispensable que la littérature »

 

Maurice Mollgaard est un écrivain reconnu, dont les livres se vendent bien. Il mène une vie tranquille. Il a un chat, un appartement mal rangé, une compagne, Isabelle, avec laquelle il ne vit pas et dont il n’est plus amoureux. Mais Maurice, quarante ans tout juste, connaît une vraie panne d’inspiration… qui ne va pas s’arranger lorsqu’il fait la connaissance d’Ambroisie, une actrice et mannequin. Coup de foudre. Maurice rompt brutalement avec Isabelle pour se lancer dans une histoire avec la belle et fantasque Ambroisie. Il change de look pour lui plaire, dépense de façon extravagante l’argent qu’il n’a pas, ne lit plus et n’écrit plus une ligne… Les avertissements de ses amis et de sa fidèle éditrice n’y changent rien. Maurice est tout à sa passion. Il y laissera pas mal de plumes.

Cette première rencontre littéraire avec Line Papin me fait penser qu’il y en aura beaucoup d’autres, tant j’ai pris plaisir à lire cette très bonne histoire d’un échec amoureux programmé. Tout est mis en place dans ce roman pour enchaîner le lecteur : le fond et la forme rivalisent de qualité. Les personnages sont bien campés, émouvants ou/et irritants – Maurice le naïf m’a fait enrager, Ambroisie est délicieusement insupportable – l’intrigue, très psychologique (j’adore !) basée sur le sentiment amoureux et ses ravages, évolue subtilement mais inexorablement jusqu’à…

Et l’écriture ! C’est peu de dire que Line Papin écrit bien. Son style est alerte, ses mots sont justes, précis, d’une grande délicatesse. Ce qu’elle décrit des désillusions de l’amour, mais aussi des affres de l’écriture, est si profond, sous l’apparente légèreté et la malice – on croise une certaine Line dans les couloirs de la maison d’éditions, elle aussi en panne d’inspiration- qu’on ne peut qu’être surpris de la maturité d’une auteure de même pas trente ans…

Je me réjouis de découvrir un si beau talent.

« Paris est ciselée à la taille de l’amour, c’est une ville que l’on traverse, de long en large, en trente minutes, une ville où l’on peut rejoindre son amour tout de suite. Elle a la forme même d’un coeur humain, et le fleuve la traverse comme l’aorte qui fait battre l’organe. Je marche et mon coeur rebondit, mes pieds sautillent, la ville est minuscule et tout le monde sait qu’Ambroisie aime Maurice, que Maurice aime Ambroisie, que Maurice Mollgaard et Ambroisie Braun se sont rencontrés et se ressemblent. »

 

 

 

 

12 réflexions au sujet de « Le coeur en laisse- Line Papin »

  1. Oh que voilà un avis qui titille ma curiosité!! j’aime beaucoup le côté « catastrophe annoncée », voir les rouages tourner implacablement… je vais le demander à ma bibli! merci ! bises

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