C'est très bon

Seules à Berlin- Nicolas Juncker

 

« Nous, pendant ce temps, il nous faut continuer à vivre. »

 

Nous sommes en 1945, la fin de la guerre est imminente. Ingrid Schneider, sans nouvelles de son fiancé SS, tente de survivre, dans un Berlin qui n’est plus que ruines et cendres, désormais aux mains des russes.

Ingrid va devoir cohabiter avec la jeune russe Evgeniya, interprète au NKVD, chargée de retrouver la dépouille d’Hitler, qui s’est suicidé le 30 avril. Les deux femmes n’ont a priori rien en commun mais vont apprendre à se connaître, notamment à travers le journal intime de l’une et les carnets de guerre de l’autre, et à développer ce qui pourrait ressembler à de l’amitié…

Quel album terrible ! Le dessin d’abord, tout de gris, un gris effroyable, désespérant, où se glisse à peine une pointe de couleur lorsque l’ombre d’un espoir surgit du néant (le goût d’une pomme, alors que l’on n’a pas mangé depuis des jours…) ou encore lorsqu’il s’agit de figurer la présence russe par un rouge sanglant… Et ces visages, ravagés par la souffrance et la maigreur, tordus de haine, de colère,  ces corps squelettiques, ces regards épouvantés… J’en suis encore bouleversée.

Le récit lui-même est tout aussi cauchemardesque : les pages du journal d’Ingrid, les viols répétés, la lutte pour la survie, tout ce malheur… ça laisse sans voix. j’ai lu ce roman graphique en apnée, le coeur au bord des lèvres.

Il va sans dire que le travail de Nicolas Juncker, qui s’est inspiré de l’histoire de deux femmes ayant existé sans s’être rencontrées, est remarquable, d’une nécessité absolue. Il a le grand mérite de rendre justice aux femmes, guerrières de l’ombre, travailleuses insatiables, dont l’existence pendant ces années de guerre a été un long supplice et dont on parle si peu… Merci Mr Juncker de cet hommage rendu, bouleversant.

Je recommande toutefois aux âmes sensibles de prendre quelques précautions à la lecture de cet album, vraiment très dur.

 

 

J’ai vu une chronique, élogieuse, chez Violette.

 

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