« Tu ne seras jamais libre à moins de te libérer de la prison dans ta tête »
Nous sommes à Chicago, à la fin des années 50.
A la mort de sa mère, le jeune Charlie vient vivre avec son père, Matt Rizzo. L’homme, écrivain, est aveugle et raconte à son fils qu’il a perdu la vue, il y a des années, au cours d’un tragique accident de chasse.
Charlie grandit, auprès de ce père auquel il s’est attaché. Il commence à mal tourner. Ses fréquentations sont douteuses et il finit par être arrêté après avoir commis un cambriolage. C’est alors que les masques tombent. L’accident de chasse n’est qu’une fiction. Matt se doit de révéler à Charlie les véritables raisons de sa cécité, ses années passées derrière les barreaux aux côtés de Nathan Léopold, coupable d’un crime odieux avec son acolyte Richard Loeb (« le crime du siècle » comme l’avait baptisé la presse de l’époque avait fait grand bruit et nourri durablement les cauchemars de Charlie). Matt a entretenu une étrange mais solide amitié avec Léopold, criminel à l’esprit fin et lettré.
On ne peut qu’être fasciné par le dessin inouï, en noir et blanc et à la plume (!), de Landis Blair. D’une beauté à couper le souffle, il est fait de hachures tout du long. Il faut le voir pour le croire. La couverture donne le ton : sur un fond de sombres hachures sont représentés des enfants armés d’un fusil et juste au dessous du titre, le visage d’un homme dont les lunettes reflètent un grillage. L’image est impressionnante…
On ouvre cette brique épaisse et carrée avec précaution : j’ai emprunté l’ouvrage après des semaines d’attente et mis un peu de temps avant de me décider à le lire, j’ai tourné autour, même failli le rendre en me disant « c’est pas le moment on verra plus tard ». J’avais peur. Oui, c’est bête, mais ce qui compte c’est que j’ai vaincu cette peur (surtout qu’une fois rendu à la Médiathèque, je risque de ne pas revoir » L’Accident de chasse » avant un moment, vu le nombre de personnes qui souhaitent l’emprunter, j’avoue que ça m’a encouragée à me lancer)
Ça ne vous arrive jamais d’avoir très envie de lire un livre tout en appréhendant un peu son contenu ?
Mais revenons au livre. Le graphisme fabuleux de Landis Blair, sa créativité incroyable, servent admirablement l’histoire si sombre de David L. Carlson, dont on apprend dans les dernières pages qu’elle est vraie (on a même droit à des photos de Charlie et Matt). D’une grande qualité littéraire, je dois reconnaître qu’elle m’a perdue parfois : les références sont nombreuses et permettent notamment d’approcher – à petits pas- la »Divine Comédie », la grande oeuvre de Dante au coeur de ce récit qui parle si brillamment d’amour, d’amitié, de rédemption, de la littérature qui sauve du pire.
« L’Accident de chasse » est un roman graphique si dense qu’il en devient difficile d’accès. Je suis certaine d’être passée à côté de certaines choses, il mériterait bien sûr une ou deux relectures plus attentives. Les pages consacrées à Matt Rizzo et à son oeuvre me poussent à mettre un léger bémol à ce qui aurait pu être un formidable coup de coeur. Le texte complexe et sa présentation sur fond braille, sans les hachures, -l’idée est pourtant magnifique- m’ont un peu moins convaincue que le reste, pour être tout à fait honnête. J’ai trouvé les écrits de Matt très obscurs. Tout le reste confine au sublime…
Cette oeuvre absolument fascinante a été récompensée à juste titre par un Fauve d’or à Angoulême en 2021.
A ce propos, je compte lire les Fauves des cinq dernières années, c’est mon petit défi perso des mois à venir, je me suis même fabriquée un petit logo 🙂
Ah oui, je voulais dire un grand bravo aux Editions Sonatine, dont c’est la première publication BD. Pour un coup d’essai… c’est un coup de maître !
Ma première action au réveil: lire ton billet le temps que mon café coule… Effectivement, c’est un roman qui a l’air de ne pas laisser indifférent. La qualité des dessins me fascine. Merci pour cette découverte.
Désolée de ne pas passer plus souvent faire un p’tit tour. Je ne vois pas le jour. Je n’aime pas l’orientation que prend le métier: réunionite et paperasse. Pffff… On s’éloigne de ma passion, c’est dommage. Bisous ma belle
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Bonjour ma Ninie, fin d’année relou? Allez courage … on se parle en privé. Bisous
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Il faut que je le lise ! Aucune réservation à la médiathèque, c’est étonnant, et cela devrait me permettre de le trouver assez vite.
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Oui c’est étonnant ! Profites-en avant une nouvelle vague ( d’envie …)
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Tu as raison, il est d’une densité telle que trois lectures ne seraient pas de trop… mais c’est une merveille se complexité 🙂
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Oui l’intérêt est décuplé … j’ai envie de le relire plus tard … pour le moment je dois le rendre …
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Je ne lis quasiment jamais de roman graphique, mais les avis lus sur celui-ci m’ont donné tellement envie qu’il a rejoint mes étagères (et quel bel objet à faire trôner dans sa bibliothèque !).
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Il est superbe, je suis sûre que tu seras conquise ! J’ai commencé « les furtifs » au fait … et j’hallucine déjà !
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Ah, je suis très impatiente de lire ton avis !
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Je ne sais pas si j’arriverai à écrire quelque chose là dessus à part … hallucinant…
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J’ai trouvé le graphisme très travaillé, mais il manquait du fond à cette histoire.
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Oh là là Alex pour une fois je ne suis pas d’accord avec toi… c’est une histoire complexe et profonde, avec différents niveaux de lecture, des récits enchâssés … c’est tellement complexe que je ne suis même pas sûre d’avoir tout compris …
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