« Le temps passe et, à vos yeux, les héros deviennent des assassins »
La gendarme Garance Calderon enquête sur la mort d’un homme, Mehdi Azem, un professeur d’histoire, découvert troué d’une balle, aux abords d’un lac. Comme « Le dormeur du val », il semble dormir paisiblement, un trou rouge dans le corps. Petite parenthèse : je suis persuadée que l’auteure fait allusion au célèbre poème de Rimbaud lorsqu’elle décrit le cadavre( « comme un homme livré au sommeil ») de Mehdi Azem … ça m’a sauté aux yeux et si je me trompe, la ressemblance avec le fameux soldat et ses « deux trous rouges au côté droit » est quand même troublante. Une petite devinette littéraire dans le roman ? Pourquoi pas. Garance pense en tout cas que ce meurtre serait lié à une tonte, qui a eu lieu soixante-dix ans plus tôt, au moment où la France libérée se vengeait de ces femmes qui auraient couché avec l’ennemi. Marianne Marceau, dont la fuite ouvre le roman, est poursuivie par une foule haineuse qui en veut à ses cheveux… et aurait provoqué sa mort? On n’en sait rien, car Marianne a disparu sans laisser de traces, tout de suite après les événements. Elle se serait enfuie avec l’allemand installé chez les Marceau. Mehdi Azem s’intéressait de près à cette femme, élément clef de ses recherches sur un passé peu glorieux que personne ne souhaite voir déterrer et surtout pas les membres de la famille Marceau.
Réussir un roman noir n’est vraiment pas chose aisée, ou alors c’est moi qui suis trop compliquée. L’écriture d’Elsa Marpeau est agréable, l’alternance présent (celui de l’enquête et de la gendarme Garance) passé qui rythme le récit est intéressante même si pas nouvelle et l’ensemble se lit vite et bien.
Pour autant, je n’ai pas été convaincue, parce que d’une part, les flics qui traînent de lourdes casseroles (c’est évidemment le cas de Garance) ça commence à sentir le réchauffé. On retrouve tout le temps des enquêteurs fracassés dans les romans policiers et ici, particulièrement, je n’ai pas trouvé que ça apportait quoi que ce soit à l’histoire. Je n’ai même pas tout à fait compris l’étendue du problème familial qui empoisonne la gendarme.
J’ai une idée : on pourrait essayer un flic bien dans ses baskets, pour changer. Un enquêteur sain d’esprit, sans passé douloureux, sans fantôme, sans alcool, sans neurasthénie, juste un homme ou une femme normaux, ça peut aider pour mener à bien la résolution d’un crime, non? Et puis le lien que l’auteure veut créer entre la tondue de la guerre et celle d’aujourd’hui, sans mauvais jeu de mots, est très tiré par les cheveux. Inutile à mon avis.
Quant à l’histoire de Marianne la tondue, elle pourrait fonctionner, on a tout de même bien envie de savoir ce qui lui est arrivé, le démarrage en trombe est prometteur, on est intrigué par cette disparition très étrange, par sa relation avec l’allemand, dont on comprend assez vite qu’elle n’est pas celle que l’on croit. Mais voilà, ça ne marche pas. Pour tout dire, j’ai eu quelques soupçons… et quand est arrivée la confirmation de mes soupçons, avec un truc en plus qui m’a fait ouvrir de grands yeux (je n’ai pas trouvé le « truc »crédible car il tombe comme un cheveu sur la soupe et que rien de rien ne le laissait supposer : moi j’aime les détails, les indices que le lecteur attentif prélève au fil des pages, pas les énooormes surprises tout à trac pas du tout préparées…) Pour moi, ça ne prend pas. Et je n’ai pas aimé du tout cette fin poético-surréaliste… non non et non.
Dommage.
À la mémoire collective de tous les boucs émissaires qui permettent aux autres de se croire plus forts. Car même si on n’est pas la gosse laide, le petit malingre qu’on coince au fond de la cour, ou la fille de la pute, il y a en nous une connaissance intime de la douleur qu’on a infligée ou laissé infliger. Car même le bourreau devient toujours en partie celui qu’il martyrise.
C’était une participation au challenge de Sharon 🙂
Merci pour ma PAL, je vais faire l’impasse 😉
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Il y a mieux à lire …
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Oh, zut, zut, zut… ça commençait bien.
Je pensais que j’allais aimer et puis… ton commentaire me refroidit.
Moi aussi, j’ai envie d’un enquêteur qui va bien. C’est fou comme on retrouve toujours le même schéma.
Bisous du sud où je passe ma dernière journée. Je vais essayer de rapporter un peu de soleil dans mes bagages. J’ai lu 4 romans dont celui-ci qui m’a beaucoup plu: Les 5 règles du mensonge.
Bisous ma belle
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Coucou 🙂 profite de ta dernière journée ! Je note ta recommandation et je te fais de gros bisous 😗
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Les indices semés, l’enquêteur normal (ou presque ^_^), en tout cas sans casseroles , ça c’est Agatha christie!
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Tu as raison ! Les contemporains ont tous un pet de travers …
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Je n’avais pas été emballée non plus, et pourtant, ce roman ne commence pas mal…
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Ta critique rejoint la mienne ça me rassure ! 🙂
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Merci pour ta participation.
Je vais faire l’impasse aussi. Je n’aime pas les faits peu crédibles dans les romans policiers. Et quand tu parles d’une fin « poético-surréaliste… « , j’ai carrément envie de fuir, c’est tout ce que je déteste.
Pour des policiers « normaux », je citerai Brunetti de Donna Leon, marié, deux enfants, il apprécie les moments passés en famille, une vie ordinaire en somme, le commissaire Charitos de Petros Markaris – dans une Grèce en crise, il mène une vie de famille équilibrée.
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Merci Sharon 🙂 je mets de côté les références que tu cites , je n’ai jamais lu Donna Leon
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Je t’en prie. Pour Donna Leon, j’ai même le livre de cuisine ! (Brunetti est un fin gourmet, et il ne manque pas d’humour non plus).
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Je vais regarder ça, ainsi que le policier grec 🙂
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Merci !
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Merci à toi 🙂
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J’en ai marre aussi des enquêteurs trop bancals.
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Oui ça soule !!!
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Je passe sans même un regret !
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Sitôt lu sitôt oublié pour ma part…
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