C'est très bon

La Princesse de Clèves- Bouilhac et Catel (adaptation BD)

« Il est l’homme le plus amoureux du monde et le plus malheureux aussi »

Sitôt introduite à la cour du roi Henri II, Mademoiselle de Chartres, une jeune fille d’à peine quinze ans, se fait remarquer par son allure et sa beauté. Le Duc de Guise est très séduit, quant au Prince de Clèves, il tombe très vite amoureux d’elle et demande sa main. La jeune fille ne partage pas ses sentiments mais ils se marient tout de même, sur les conseils de la mère de la demoiselle, qui espère pour elle un beau mariage. Invitée aux fiançailles du Duc de Lorraine et de Claude de France, la Princesse de Clèves fait la connaissance du duc de Nemours, un bel homme de qualité pressenti pour épouser la reine d’Angleterre. Ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. La vertueuse princesse résiste de toutes ses forces à la passion et finit par avouer à son mari les sentiments qu’elle éprouve pour un autre. Celui-ci en meurt de chagrin. Renonçant pour toujours à l’amour, la princesse se retire au couvent.

Ceci n’est qu’un bref résumé de « La Princesse Clèves », dont on dit qu’il est le premier grand roman français psychologique. Quiproquos amoureux, passions coupables, malentendus, complots, trahisons, la cour du Roi de France fourmille de drames intimes et de secrets… de langues bien pendues aussi.

J’avais un peu oublié les détails du roman, lu il y a longtemps ( sujet de mon épreuve orale du bac français passée il y a humm… un million d’années : « le portrait du duc de Nemours ») et j’ai aimé m’y replonger avec cette belle adaptation en bande-dessinée, très documentée et dont on a plaisir à admirer les jolis dessins, détaillés, délicats, les costumes d’époque reproduits avec soin, les visages expressifs (quel ravissant minois a la Princesse, bouche pulpeuse et cheveux blonds lâchés, j’adore, elle est vraiment mimi tout plein). La mise en dialogue est extrêmement bien faite et aucun ennui n’est possible avec un mode de narration varié qui utilise aussi bien des petites que des grandes cases, la pleine page…

Originale la mise en abyme qui encadre le début et la fin de la bande-dessinée, Mme de Lafayette conversant avec son cher ami La Rochefoucauld et lui faisant part de son projet d’écriture (La Princesse de Clèves est d’abord paru anonymement en 1678) puis avec son amie Mme de Sévigné (rigolote comme tout avec ses bouclettes) qui croit deviner une inclination secrète de Mme Lafayette pour l’auteur disparu des Maximes. Coquine et perspicace Mme de Sévigné…

Je remercie également les autrices d’avoir pensé à faire figurer un arbre généalogique au début de l’album. Valois, Bourbons… sans cela j’aurais été perdue, mes connaissances en royauté française sont un peu lointaines.

Le roman me semblait poussiéreux, à tort. Il est en tout cas singulièrement rafraîchi par cette adaptation, pédagogique  mais sans lourdeur, très plaisante à lire et qui permet de redécouvrir le roman, ou de le découvrir. Cet album est la preuve que l’on peut tout à fait lire la Princesse de Clèves en 2021 et même trouver que c’est un roman somme toute moderne : il y est question d’amour, de passions contrariées, de jalousie et ça ne finit pas très bien… n’avons-nous pas là des thématiques intemporelles et universelles ? La sensualité n’est pas non plus absente de cette adaptation : la scène où le duc de Nemours espionne la Princesse, en chemise de nuit, allongée sur son lit, rêvant tristement, comme en attente, est vraiment incroyable : 31 cases muettes décrivent le duc dissimulé derrière la fenêtre, la fuite éperdue de la jeune fille dans le jardin, le duc la poursuivant et perdant sa trace… c’est une scène toute en mouvement, l’image se passe tout à fait de dialogue, l’expression et le geste en disent plus que les mots. On se croirait dans un film.

Hormis cette scène, la narration, il faut le souligner, est tout du long suffisamment dynamique pour supporter une adaptation cinématographique ( un film est sorti en 1961) et même graphique, la preuve en est.

Seule la fin m’a laissée sceptique. Après vérification, dans le roman il n’est écrit nulle part que la princesse meurt au couvent : les autrices ont décidé de conclure ainsi sa courte vie. On leur pardonnera volontiers cette infidélité à l’oeuvre originale, tant la scène qu’elles ont imaginée est émouvante… le visage de la belle princesse marqué par le chagrin et la souffrance, yeux fermés, ses cheveux blonds répandus sur l’oreiller…

Le thème des « classiques c’est fantastique ! », défi mensuel chez Moka et Fanny tous les derniers lundis du mois, est :

Pour aller plus loin un  film de Jean Delannoy (1961) avec Marina Vlady dans le rôle de la Princesse.

Une réécriture du roman, transposé dans un lycée parisien (2008)

Je n’ai vu aucun des deux films, je vais partir à leur recherche…

Et pour rire, on regarde la vidéo ci-dessous… mais oui la Princesse de Clèves peut aussi faire rire, lorsque son histoire est racontée par Jean Rochefort 🙂

Publicité

16 réflexions au sujet de « La Princesse de Clèves- Bouilhac et Catel (adaptation BD) »

  1. Ce que voir Jean Rochefort me donne le sourire. C’est dingue ça !
    Pour ce texte, ma première lecture avait été un peu laborieuse. Je garde un souvenir douloureux des premières pages insupportables sur toutes les relations de la Cour. Mais j’ai finalement beaucoup aimé cette histoire d’amour étouffée. Et ce personnage tout en retenue de la Princesse.
    Bref, je n’ai plus qu’à lire la BD.

    Aimé par 1 personne

  2. J’ai lu ce roman il y a plusieurs années et malgré ton résumé, je ne me souviens pas trop de l’histoire. Mais je me souviens avoir beaucoup aimé 🙂 Les planches que tu présentes ne me plaisent pas trop, je crois que j’en resterai au roman.

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s