indigeste

Sarrasine. Gambara – Balzac

« Gambara avait lancé de temps en temps des exclamations qui décelaient le ravissement de son âme : il s’était pâmé d’aise, il avait souri à son piano, l’avait regardé avec la colère des inspirés ; enfin il paraissait enivré de la poésie qui lui remplissait la tête et qu’il s’était vainement efforcé de traduire. Les étranges discordances qui hurlaient sous ses doigts avaient évidemment résonné dans son oreille comme de célestes harmonies. »

Un petit tour par les classiques, comme (presque…) tous les derniers lundis du mois, avec deux nouvelles du grand Balzac, consacrées à l’art et plus précisément à la musique. Je suis plutôt dubitative, autant le dire tout de suite, et je n’ai pas eu le courage de m’attaquer à « Massimilla Doni » la troisième nouvelle du recueil. Si ça se trouve, j’étais mal lunée, J’avais chaud, n’étais pas disposée à lire des classiques… il y a toujours une bonne raison pour ne pas apprécier un auteur que l’on aime d’habitude. Car oui, j’aime Balzac, et depuis fort longtemps. Longues descriptions de maison, de rues, de trottoirs, de la robe de Madame ou du nez de Monsieur, cela ne me rebute pas. Je me dis : c’est Balzac les amis, Balzac, tu l’aimes ou tu le quittes. Bon là, j’ai failli quitter.  Si je suis restée, c’est principalement à cause du challenge.

Pour résumer très rapidement, Sarrasine n’est pas la jeune fille dont on imagine que Balzac va nous raconter les malheurs mais un jeune sculpteur talentueux, qui tombe amoureux de Zambellina, une chanteuse d’une grande beauté, dotée d’une voix en or.

« C’était plus qu’une femme, c’était un chef-d’œuvre !»

Cela va mal se passer bien sûr, mais je ne vous dis pas pourquoi. La raison de cet impossible amour est assez insolite. Les thèmes abordés dans cette nouvelle ne sont pas très originaux : l’amour fait souffrir, la souffrance permet de créer, de se dépasser. Sarrasine va sculpter Zambellina et cette sculpture sera forcément un chef-d’oeuvre.

Blasée je suis. Et puis, le principe du récit enchâssé marche moyennement, je trouve, en tout cas, je n’en vois pas trop l’utilité dans ce cas précis. Le narrateur qui tente lui-même de séduire une jeune femme, lui raconte la terrible histoire de Sarrasine et Zambellina. Il aurait mieux fait de s’abstenir. Cette intrigue amoureuse secondaire n’est pas d’un intérêt captivant, même si elle établit un parallèle entre deux histoires amour qui toutes les deux se cassent la g… J’ai connu plus subtil. C’est romantique, il y a du sang, des morts, des passions inassouvies, de graves tromperies…

Bof.

L’autre nouvelle, intitulée « Gambara » met en scène un musicien de génie, Paolo Gambara, marié à une femme aux beaux yeux, prénommée Marianna, qui se dévoue corps et âme pour que le talent de son époux soit reconnu. Cet homme bizarre dont on se moque volontiers a inventé un instrument de musique et créé un opéra absolument inaudible.

« Un enfant dansant sur le clavier ferait de la meilleure musique »

En réalité, la beauté de son oeuvre dépasse la compréhension humaine. Etrangement, le génie de Gambara ne se manifeste que lorsqu’il est totalement ivre. Bourré comme un coing, ses notes de musique deviennent célestes. Le message n’est certes pas inintéressant. Je le comprends ainsi : une oeuvre trop géniale, trop « hors des clous », devient vite inaccessible. Attention donc à ne pas trop en faire (je résume grossièrement), à tenir compte de l’intelligence commune, à ne pas réserver son oeuvre aux rares initiés, si l’on veut être entendu. C’est à peu près ça, il me semble.

Là dessus, se greffent une histoire d’amour inutile entre Marianna et un comte italien qui va tout tenter pour la séduire et de longs, très longs, immensément longs développements sur l’opéra, mon dieu quel ennui. Je l’avoue, ça m’a tuée. J’ai compté les pages. Je n’en pouvais plus.

Voilà, voilà mon mois classique sur le thème de l’art. J’ai connu mieux, comme Classique Fantastique. 🙂 On se rattrapera le mois prochain.

J’espère que les camarades de challenge auront, quant à eux, trouvé leur bonheur. Pour le savoir, rendez-vous chez les deux Maîtresses des Horloges, Moka et Fanny.

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16 réflexions au sujet de « Sarrasine. Gambara – Balzac »

  1. Je ne connaissais pas ces titres et tu ne me donnes pas envie de les découvrir ! Mais tu m’auras faire rire avec ta chronique désabusée, donc tu n’auras pas souffert pour rien ! (Et si ça peut te consoler, mon classique n’était pas fantastique non plus. ^^)

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  2. Je n’ai pas lu Gambara mais j’ai beaucoup aimé Sarrasine. J’ai aimé l’humour dans la conversation des deux personnages dans le bal, et l’amour inattendu dans le récit enchâssé. Je suis étonnée d’avoir lu ce thème (qui doit rester secret) dans un texte du 19è siècle, et c’est assez courageux je trouve. J’avoue en revanche ne pas avoir gardé souvenir des réflexions sur l’art, ce n’est pas ce qui m’a marquée.

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  3. En te lisant je réalise ce que j’aime chez Balzac (les descriptions des lieux), et ce que je n’aime pas (les descriptions des gens). Sarrasine, déjà repéré chez Natiora, me fait de l’oeil, malgré la citation que tu indiques et qui déjà me hérisse le poil d’ennui. Gambara en revanche, je vais passer mon tour… 🙂

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