« Il n’y a que des secrets entre nous »
Al et Trig sont soeur et frère jumeaux. Leur père Bill les a baptisés ainsi en l’honneur de la discipline qu’il a enseignée, les mathématiques (Algèbre et trigonométrie…). Un drôle de type, le père, aventurier, organisé comme pas deux. Un jour il est parti. La mère, Dory, a fini d’élever les jumeaux, seule, et a bossé comme une folle pour qu’ils ne manquent de rien. Al, très indépendante et rebelle, a rapidement pris son envol. Plus compliqué pour Trig. Au moment où commence l’histoire, il a perdu son job et vit dans sa voiture. Bill recontacte ses enfants, après deux ans de silence, pour leur proposer de partir à l’aventure, en canoë, sur les lacs du Canada. La saison ne s’y prête pas, mais les jumeaux acceptent. Eux aussi se sont éloignés et sont heureux de se retrouver. Les choses vont pourtant très vite se compliquer quand, au bout de quelques jours, Al et Trig s’aperçoivent que l’expédition est en réalité totalement improvisée. Le père a oublié ses bagages, il n’a pas de plan, semble totalement perdu… La virée en canoë tourne au cauchemar.
J’aime bien Pete Fromm. « Lucy in the sky » m’a laissé un très bon souvenir et « Chinook » est un excellent recueil de nouvelles. Je partais donc assez convaincue que ce roman allait me plaire et en effet, il m’a plu, globalement. Pete Fromm écrit bien et il a le sens du dialogue, chose que je redoute un peu dans les romans. Ici, les échanges sont savoureux. Les personnages ont de l’humour, de la répartie, ils se chambrent avec affection et ils « parlent vrai ». Le premier obstacle est donc levé.
« Le Lac de nulle part » est un roman d’aventures, une aventure en pleine nature, glaciale, hostile. On sent que Pete Fromm maîtrise son sujet car là aussi, c’est précis et ça sonne juste. Les descriptions des lacs gelés, des ciels purs et immenses, des aurores boréales, sont magnifiques. Pete Fromm est un poète, amoureux de la nature et des mots. En auteur qui aime raconter des histoires, il n’oublie pas non plus le drame humain : ses personnages ont évidemment des secrets, que cette expédition complètement folle va faire ressurgir.
Elle est contente, vous dites vous. Pas tout à fait.
J’ai malheureusement fini par m’ennuyer car au bout d’environ 150 pages et après un gros événement dont vous ne saurez rien, (jamais de spoil par ici, c’est un principe) ça se met à tourner sérieusement en rond. Les mêmes actions se répètent(scènes de portage, de préparation de café, d’allumage de feu, de pêche et friture de brochets etc) sur des pages et des pages, les dialogues commencent eux aussi à se ressembler et au final, c’est un peu creux. J’aurais aimé moins de portage, moins de café et plus de tensions dans les relations, il m’a manqué quelque chose, ce quelque chose qui m’aurait fait aimer totalement Al et Trig, adhérer complètement à leur histoire. Ce qui nous est raconté est tout de même énorme et j’ai eu le sentiment que « le truc » était survolé. Il fallait bien un drame, sinon pas de roman, mais l’auteur a visiblement préféré insister sur les conditions catastrophiques dans lesquelles se trouvent les personnages, le bivouac, le canoë, le café, le sucre qui pourrait manquer, ce qui mettrait Al de très mauvaise humeur, (on nous le dit plutôt deux fois qu’une) plutôt que creuser la psychologie de ses héros, tout juste effleurée. Al est dominante, Trig est doux et prévenant. C’est un peu court, Mr Fromm 🙂
Les relations des jumeaux avec leur mère Dory ne sont pas très bonnes mais là aussi, la tension que l’auteur met en place entre les protagonistes n’est pas suffisamment exploitée pour qu’on y croit. Et puis, il y a la fin, trop rapide. Pouf pouf pouf. Le dernier paragraphe est très beau. Pouf pouf, c’est fini.`
En résumé, « Le lac de nulle part » est un roman plaisant, mais pas franchement marquant. Je l’aurai vite oublié pour ma part. En revanche, je l’imagine très bien adapté pour le cinéma, avec des images de lacs et de forêts à couper le souffle.
« La route s’enfonce dans la forêt. L’eau a beau être omniprésente, nous ne l’apercevons que par intermittence, comme si elle était tapie, à l’affût. La route se fait tunnel, les arbres se referment sur nous, la seule touche de bleu provient du ciel, un mince ruban au-dessus des arbres, une rivière minuscule. Nous ne pipons mot, des fidèles à l’église. Nous voilà perdus dans le labyrinthe des lacs. »
Je l’ai commencé hier soir. Je ne lis pas ton billet, j’y reviendrai quand je l’aurai terminé.
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J’attends ton avis 🙂
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Cela commence un peu comme un bouquin de David Vann?
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Je sais à quoi tu penses mais à part l’idée d’une virée en commun je trouve que ça n’a pas grand chose à voir. C’est tout de même moins glauque.
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Désolée pour les admirateurs de cet auteur, qui au demeurant semble fort sympathique, je ne suis pas fan de ses romans, mis à part Indian Creek que j’ai adoré (mais ce n’était pas de la fiction), deux autres me sont tombés des mains, sans espoir de retour !
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Tu ne fais donc pas partie du fan club ?😉
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Tu n’es pas la première à avoir un avis plus que mitigé sur ce roman. Qui du coup ne me fait guère envie, car je crois qu’il me ferait le même effet que La vie en chantier, décevant. Malgré tout, j’ai adoré Indian Creek, donc je ne renonce pas à l’idée de le relire, avec d’autres titres.
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Les nouvelles du recueil « Chinook » sont très belles, je te les recommande !
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Très bien, je l’ajoute à la liste des lectures potentielles au côté de Mon désir le plus ardent, Le nom des étoiles et Lucy in the sky ! Merci !
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Avec plaisir 🙂
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Je l’ai terminé et je ne suis pas enthousiaste du tout. Trop de répétitions (les portages, le café, le Duluth ….) à la fin j’avais une indigestion de lacs. Quant aux relations entre les uns et les autres, ce n’est pas très développé. Et la relation finale entre Al et T. m’a un peu échappé, c’est nébuleux. Avec l’auteur, je m’en tiendrai aux récits, qui eux, sont très bons.
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Il a des défauts ce livre, on est d’accord. Comme toi j’en pouvais plus du café, du portage, du café, du portage, du café … c’est dommage. Et le reste est escamoté. J’ai trouvé la relation entre les jumeaux bizarre et un peu malsaine …
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Pour ma part, le début me fait penser au Fleuve des rois de Taylor Brown (mais là, les deux frères partent… avec les cendres de leur père) ou à une nouvelle tirée d’Allegheny River de Matthew Neill Null. J’ai encore quelques titres de Pete Fromm qui m’attendent dans ma PAL, je pense que celui-ci attendra un peu.
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Ça n’est pas un indispensable….
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Alors tant mieux parce que j’ai beaucoup de livres qui me tentent – et le festival du livre américain aura lieu dans moins d’un mois.
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Je pense que tu peux trouver mieux dans la bibliographie de Pete Fromm … as-tu lu Lucy in the sky? C’est un chouette roman !
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Oui, je crois qu’il est enfoui quelque part dans ma PAL.
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