en accéléré·pour le dire vite

Quelques chroniques en accéléré ;)

Beaucoup de livres et peu de chroniques. Je prends du retard alors pour ne pas tout perdre, je vous propose à nouveau de l’accéléré.

Baumgartner- Paul Auster

Lu dans la foulée de l’annonce de son décès, ce roman semi autobiographique m’a beaucoup émue. C’est un Paul Auster crépusculaire, lent, nostalgique, où la mémoire et les souvenirs de l’enfance ressurgissent à l’occasion d’une journée qui démarre assez mal. Sy Baumgartner, éminent  professeur septuagénaire et vieillissant, se brûle la main en rattrapant une casserole sur le feu, puis fait une chute dans les escaliers de sa cave. Sy a parfois des absences et la femme qu’il a aimée et perdue tragiquement lui manque comme une partie de lui-même. Elle est son membre « fantôme ».  Alors qu’il a pris place dans un transat inconfortable, les souvenirs épars de Sy vont se croiser,  se recomposer, s’assembler peu à peu, par la magie de l’enchâssement qui fait la beauté des romans de Paul Auster.  j’ai lu ce court roman avec beaucoup de tendresse, ai souri en découvrant la fin qui n’en est pas une. Tu nous laisses en plan, mon cher Paul. Je ne suis pas sûre en revanche, contrairement à sa traductrice (désolée, j’ose) qu’il faille commencer par ce livre-là pour pénétrer son univers. En revanche, il ravira les lecteurs de la première heure. L’épouse décédée de Baumgartner s’appelle tout de même Anna Blume. Quel merveilleux clin d’oeil.

Le portrait de mariage- Maggie O’ Farrell

Lucrèce de Médicis a quinze ans. Elle vient de se marier en grandes pompes avec le duc Alfonso de Ferrare, vingt-sept ans, dont elle ignore tout. Elle n’était pas préparée à ce mariage, le décès de sa soeur, pressentie pour épouser le duc, l’a placée sur les rangs bien malgré elle. Après la fête, la jeune Lucrèce se retrouve seule dans un immense palais glacial,  loin des siens et surtout de sa nounou protectrice et adorée, face à un Alfonso charismatique, autoritaire, très pressé d’engendrer. La cour qui l’entoure n’est guère plus rassurante. Peu à peu, Lucrèce se met à craindre pour sa vie.

La focale mise sur Lucrèce, jeune fille sensible et douée pour la peinture, ce qu’elle ressent, ce qu’elle perçoit, nous la rend terriblement proche. J’ai partagé son angoisse jusqu’à la toute dernière ligne – les intentions d’Alfonso ne sont jamais claires, j’ai énormément douté- et si la lecture de ce roman m’a pris un certain temps, c’est parce que je l’ai trouvé oppressant. Réussi, mais oppressant.  Il est par ailleurs magnifiquement écrit, -sentiments finement analysés, cadre somptueux posé avec force détails et qui nous plonge de plein pied dans la Renaissance italienne- je recommande absolument. Pour moi, c’est un coup de coeur.

L’étourdissement- Joël Egloff

Le personnage principal de ce roman n’est pas nommé, il vit avec sa grand-mère, sous une ligne à haute tension, non loin d’un aéroport et il travaille dans un abattoir. Enfant, il passait ses vacances aux abords d’une station d’épuration. C’est complètement glauque mais l’auteur parvient à faire sourire, rire même, de moments tragiques dont ce livre est parsemé. (Scène inénarrable de la non-annonce à la femme d’un collègue que celui-ci vient de mourir).

Je reste sur ma faim malgré tout car l’ensemble manque de liant. On a l’impression d’une succession de petites scènes, qui ne constituent pas vraiment un roman. C’est très étrange et surtout très dommage, parce que moi, j’attendais une histoire et il y avait de la matière.

Je ne saurais dire si j’ai aimé ce roman ou pas. Entre les deux, sûrement. Parce que tout de même, la langue de l’auteur est formidable, d’une oralité pleine de poésie. Si le livre avait été à moi, j’aurais souligné tant et plus. Je cite :

« J’ai des souvenirs qui ressemblent à des oiseaux mazoutés, mais ce sont des souvenirs quand même. On s’attache, même aux pires endroits, c’est comme ça. Comme le graillon au fond des poêles. »

Qui après nous vivrez- Hervé Le Corre

Ma grosse, très grosse déception du moment.  Ce n’est pas de gaité de coeur que je viens vous dire que non seulement je n’ai pas du tout aimé ce roman, mais que je me suis même arrêtée avant la fin. Il me restait seulement 80 pages à lire. Hervé Le Corre, que j’adore pourtant, m’a déçue, épuisée, énervée.

Année 2051. La terre est ravagée. Il n’y a plus rien, sauf pour les plus anciens. Les femmes sont violentées, maltraitées par les hommes, qui n’ont plus rien d’humains. Des bêtes assoiffées de sang, de sexe. Trois générations de femmes se succèdent dans cette histoire, sous une forme chorale qui n’apporte finalement pas grand chose, à part de l’ennui. Car ça se répète, et c’est long, et ça bastonne, et ça viole et on repart pour un tour. ça bastonne, ça viole, ça bastonne, ça viole. Je n’en pouvais plus. Quand j’ai commencé à le glisser dans mon sac (j’emmène toujours un livre quand je me déplace, où que j’aille) pour finalement ne pas l’ouvrir et regarder les oiseaux par la fenêtre pendant mes trajets, je me suis dit qu’il était temps de dire stop.

Je suis donc complètement passée à côté. S’il vous plaît, faites-moi mentir et expliquez-moi ce que j’ai manqué. Je vous écoute.

6 réflexions au sujet de « Quelques chroniques en accéléré ;) »

  1. Je ne peux rien faire pour Hervé Le Corre, je n’ai pas lu ce titre ! Peut-être que la SF ne lui va pas ( je n’ai lu que deux romans historiques de cet auteur, et il me semble que c’est plutôt son registre)

    Sinon, je n’ai lu que Le portrait de mariage et malgré le style, absolument somptueux, effectivement, je n’ai pas été convaincue par le personnage de Lucrèce …

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  2. J’ai grande envie de lire les deux premiers (Baumgartner m’attend déjà dans ma PàL). Quand à Hervé Le Corre, je suis hésitante, j’ai lu un de ses polars historiques que j’avais tout de même trouvé très dur, alors dans le registre du post-apocalyptique, je me demande si j’aimerais, ou plutôt si je supporterais…

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  3. Je note bien sûr le Paul Auster, je n’ai lu que la trilogie NewYorkaise il y a longtemps (j’ai failli mettre la main dessus hier et puis j’ai pensé à ma PAL). Hervé le Corre j’en ai un dans ma PAL et je ne saute pas dessus ; celui que tu présentes n’est visiblement pas pour moi. Reste la petite Lucrèce qui ne me tente pas vraiment.

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    1. C’est dommage pour Lucrèce, je n’ai pas réussi à te convaincre ! En revanche c’est ma première déception avec Hervé Le Corre, c’est un très grand auteur et j’ai tout aimé de lui jusqu’à celui-là !

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