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Paul Auster ( 1947-2024)

« Chaque souffle de vie nous prépare à mieux savourer notre propre fin » (Moon Palace)

Ce 1e mai fut une triste journée. En allumant mon téléphone tôt ce matin là, j’apprends que Paul Auster est parti. il m’a fallu quelques jours pour encaisser la nouvelle et écrire ces quelques mots, parce que j’ai énormément de peine.

Paul Auster, c’était MON écrivain depuis très longtemps. Autour de moi, les gens le savent et j’ai même reçu des messages de sympathie, comme si je perdais un membre de ma famille. Un être cher. En effet, Paul Auster comptait beaucoup pour moi.

Je l’ai découvert quand j’ai quitté Marseille il y a bien des années et je ne l’ai jamais lâché depuis. Ses livres m’ont accompagnée tout au long de ma vie de jeune femme, et de femme plus mûre encore aujourd’hui. Je lui dois de grands moments de bonheur (Le Voyage d’Anna Blume, Leviathan…) quelques mouvements d’humeur aussi (la fin de » La musique du hasard », quel beau roman et quelle fin bizarre !). Je lui dois beaucoup. C’était un merveilleux conteur et un monsieur fascinant. Le seul auteur pour lequel j’ai été capable de faire la queue pendant des heures au Salon du livre en 2010, puis plus tard, en un autre lieu, au moment de la sortie de 4321… Il y avait foule. J’ai attendu, mon gros bouquin dans les mains, pour me retrouver un court instant face à lui (ça poussait derrière…). J’étais émerveillée comme une gamine, les deux fois. Julie tu te souviens? Nous étions là depuis le matin, on avait patienté, en groupe, toute la journée, dans les allées du salon. Un beau souvenir.

Il y a trois semaines, j’ai acheté « Baumgartner » à la librairie, en bas de chez moi. Je racontais à la libraire à quel point j’adorais Paul Auster, à quel point j’attendais ses romans avec impatience (pour être sûre de ne pas louper une sortie, une alerte A… m’informe que le nouveau Paul est arrivé). Je lui ai raconté, à la libraire, que Paul était malade, que je craignais que Baumgartner soit son dernier livre. J’avais peur qu’il meure.

Il n’y en aura plus d’autres. Plus d’alerte A…  pour m’annoncer un nouveau Paul. C’est tellement douloureux, de savoir que c’est fini pour de bon. La voix grave que j’aimais tant entendre parler français, le regard si pénétrant. C’est fini.

J’avais prévu de lire « Baumgartner » cet été. Je l’ai  finalement commencé le 1e mai. Il y est beaucoup question de la perte de l’être aimé. Et de maintenir l’autre en vie en y pensant. Ainsi, il ne s’éteint pas tout à fait. L’oublier, c’est le tuer pour de vrai. Alors, non, Paul n’est pas tout à fait mort. Il nous reste son oeuvre inoubliable, ses romans si étranges et si beaux, ses pérégrinations dans ce New-York qu’il  chérissait, ses histoires dans les histoires dont il avait le secret.

Il faut dès à présent relire « Leviathan » ce chef d’oeuvre, relire « Mr Vertigo », relire « Anna Blume », « Moon Palace », relire « 4321 » en soupirant devant les longues pages consacrées au base-ball mais ne pas en sauter une ligne, relire le génial « Brooklyn Follies » et  la si belle « Chronique d’hiver »… Je le ferai, moi qui ne relis presque jamais. Essayer, enfin, de lire entièrement « L’invention de la solitude », un des seuls romans de Paul Auster qui me résiste encore après trois tentatives.

Repose en paix mon cher Paul, tu vas beaucoup me manquer.

6 réflexions au sujet de « Paul Auster ( 1947-2024) »

  1. Bel hommage en effet ; je n’ai lu que la trilogie New-Yorkaise, mais j’étais triste en apprenant la nouvelle de sa mort. J’ai suivi pendant longtemps le journal d’Hubert Nyssen au jour le jour et Paul Auster y revenait souvent lorsqu’il était invité à Arles, le rendant assez proche. Il faudrait que je le relise maintenant.

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  2. Je reviens de vacances, et ne découvre cette triste nouvelle qu’aujourd’hui. C’est un auteur que j’ai beaucoup lu aussi, et que j’appréciais d’écouter en entretien, un homme avec une intelligence toute en élégance..

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