C'est très bon

L’enfant de la prochaine aurore – Louise Erdrich

« De temps à autre, une femme survit à sa grossesse. »

Cedar Hawk, une jeune amérindienne adoptée par un couple de blancs, est en quête de ses origines. Enceinte, elle part à la rencontre de ses parents biologiques afin de s’assurer qu’ils ne sont porteurs d’aucune maladie génétique. Dans un journal intime adressé à son enfant, Cedar raconte : le monde est sous l’emprise de fanatiques religieux et l’homme a cessé d’évoluer. Pire, il régresse. Dans un contexte de catastrophe climatique, Les femmes enceintes sont poursuivies, séquestrées jusqu’à la naissance de leur enfant, qui leur est enlevé… Cedar doit prendre la fuite pour protéger le bébé qu’elle porte.

Ma première expérience avec Louise Erdrich, il y a quelques années, n’avait pas été franchement enthousiasmante. Il y a des écrivains dont on se dit qu’ils ne sont tout simplement pas faits pour nous. Celui-ci est de toute évidence très différent des autres, l’auteure s’emparant avec talent, je trouve, du genre apocalyptique-dystopique. « L’enfant de la prochaine aurore » m’a en effet captivée dès les premières pages. Le flou qui entoure les circonstances de la catastrophe, un peu surprenant au départ, se justifie par l’emploi de la première personne tout au long du roman et l’évolution minutieuse de la grossesse de Cedar, son amour pour le bébé à naître, ses relations à la fois affectueuses et compliquées avec sa propre mère adoptive, mais aussi ses craintes de mettre au monde un enfant dans un univers aussi terrifiant. En se centrant sur un personnage en particulier et en adoptant son point de vue, l’auteure évite une sorte de « surenchère catastrophique » et ça marche. C’est l’humain qui est véritablement le coeur du roman.

J’ai beaucoup aimé la plume de Louise Erdrich, poétique et engagée, j’ai suivi Cedar dans sa fuite avec un réel plaisir -et pas mal de tension- j’aurais toutefois aimé une fin moins ouverte (c’est une fin très très trop ouverte à mon goût…) et quelques digressions par moments m’ont fait perdre le fil. C’est dommage, je n’étais pas loin du coup de coeur.

« Il me raconte que des gens ont entendu dire qu’on avait vue, ici et là, des animaux inhabituels. Il ajoute, d’un ton hésitant, que des scientifiques bricolent actuellement des réparation ADN.
« Comment ça ?
-Sur des plantes ? Des animaux ? Des personnes ? Je ne sais pas. Ou bien c’est peut-être sur des bébés. Ce qui explique pourquoi ils gardent cloîtrées certaines femmes enceintes.
-Cloîtrées, ça ne laisse rien augurer de bon. »
Mon cœur cogne fort, sonnerie d’alarme, et j’essaie aussitôt d’oublier ce qu’il vient de dire. »
 
Keisha a aimé, mais a pensé tout comme moi qu’on n’abandonne pas son lecteur sur le bord de la route…(ca s’fait pas…)

 

17 réflexions au sujet de « L’enfant de la prochaine aurore – Louise Erdrich »

  1. Contrairement à toi, ma 1ère expérience, avec « La chorale des maîtres bouchers », a été très réussie. Celui-ci me tente dans la mesure où il semble complètement différent de ce qu’elle écrit d’habitude, ainsi que tu le soulignes. Et comme je suis prévenue pour la fin, elle sera peut-être plus facile à accepter…

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  2. J’avais lu La chorale des maîtres bouchers, et je n’avais pas trouvé ça aussi ébouriffant que ce que se disait sur les blogs…mais ce thème me plaît. Et l’avantage, c’est qu’avec ton billet, je sais que je dois me préparer à une fin insatisfaisante. Quand on le sait, on est moins déçue, j’imagine…

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  3. Rhaaa, je n’aime pas les fins qui me dérangent. Peut-être une fin à la façon « Un livre dont vous êtes le héros » comme quand j’étais jeune (si, si, je ne le suis plus tellement) aurait été préférable. Tu aurais pu choisir. 😉
    Bisous ma belle

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