coup de coeur

Darwyne- Colin Niel

« Les enfants, c’est comme les arbres, finalement, il ne faut pas les laisser pousser n’importe comment. »

On peut dire que « c’est pas gagné  » pour Darwyne Massily, dix ans, né avec une malformation des pieds. Ce petit bonhomme contrefait, objet de moqueries constantes, vit avec sa mère Yolanda dans un bidonville qui borde la forêt amazonienne en Guyane. De l’autre côté, la grande ville qui s’étend. Yolanda surnomme son fils « petit pian ». Kesako?

Voilà un pian. Source : entreprendre la Guyane

Darwyne est fou d’amour pour sa mère, une femme extrêmement belle qui attire les hommes comme le miel les abeilles. Les amants se succèdent au petit carbet puis disparaissent subitement. Numéro 8 est arrivé récemment, tout à sa passion pour Yolanda, il considère avec méfiance le petit garçon qui lui apparaît bien hostile. Darwyne sait d’instinct que ça ne se passera pas mieux avec ce numéro là qu’avec les précédents. Lui, ce qu’il veut, c’est être avec sa mère, seul.

Les services d’aide à l’enfance sont un jour alertés par un appel anonyme qui les invite à se pencher sur le cas de Darwyne. L’enfant ne semble pourtant pas maltraité, Yolanda le gère plutôt à sa manière, car Darwyne est un gamin sauvage et taciturne : à enfant particulier éducation particulière… Mathurine, une éducatrice en mal d’enfants, est chargée du dossier. Pour évaluer  l’enfant si difficile à cerner, elle va tenter une approche au travers de leur passion commune : la forêt amazonienne que Darwyne connaît comme sa poche et qui le transfigure dès qu’il y pénètre…

Quel magnifique roman ! Vous allez dire la revoilà qui s’excite, qui va nous sortir tous les superlatifs de la terre eh bien oui. Je tiens là un nouveau et gros coup de coeur, un livre si puissant que je n’étais pas loin des larmes. L’histoire de Darwyne, cet enfant incroyable qui a fait de la jungle son refuge contre la cruauté des hommes est en tout point bouleversante. Et cette écriture ! Colin Niel est ici touché par la grâce lorsqu’il évoque cette forêt majestueuse et inquiétante que l’homme s’acharne à vouloir domestiquer, lorsqu’il nous plonge dans la tête du petit Darwyne, si plein d’amour pour sa mère. Quel beau personnage ! Mathurine, l’éducatrice au grand coeur, n’est pas en reste. Purée, c’est beau.

Je le répète ce roman est une merveille, à la fois roman noir et roman social, roman magique, à deux doigts du fantastique. C’est tout un monde dont Colin Niel nous ouvre les portes : un monde de souffrance (pauvre petit gamin qu’on a envie de serrer dans ses bras) de pauvreté (la vie ou plutôt la survie dans les bidonvilles, la débrouille, les intempéries qui balaient tout en quelques minutes) mais aussi d’amour et de beauté. Et cette forêt, bon sang. Un grand merci Colin Niel. Quel talent ! J’avais beaucoup aimé « Entre fauves » mais là, pfiouu…

Bernard Poirette est un merveilleux prescripteur. Il affirme: « Passer à côté de Darwyne n’est pas une erreur, c’est une faute ».  Tout est dit.

« Il entend les oiseaux de la nuit, feuler le grand ibijau, crisser adénomètres, il entend brailler les singes hurleurs, tout là-bas. Et ne sachant aucun de ces noms-là, ces noms couchés dans les livres des naturalistes, il les nomme à sa manière, dans sa tête. Et pourtant conscient que la mère n’aimerait pas le voir ainsi, il reste longtemps à écouter ce sous-bois plus étendu que la ville elle-même, déployé à l’infini sous le tapis des cimes. L’Amazonie entière à quelques mètres de sa couchette. »

24 réflexions au sujet de « Darwyne- Colin Niel »

  1. Tu sais à quel point j’aime les arbres. Il me le faut.
    Il y a quelques semaines, j’ai dévoré « Les derniers géants » d’Adh Davidson. Un roman qui parle également d’arbres mais sur les séquoias abattus pour leur valeur marchande. Il m’a beaucoup touchée et j’en ai pleuré. je vais me mettre à la recherche de Darwyne et voir s’il est à la bibliothèque. Merci et gros bisous.

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