pour le dire vite

Quelques chroniques en accéléré :)

Beaucoup de livres et peu de temps pour en parler, alors je fais vite  :

En vérité, Alice- Tiffany Tavernier

Alice est sous l’emprise d’un compagnon odieux qui lui fait vivre un véritable enfer, physique et moral, mais elle l’aime. Et il l’aime, du moins s’en persuade-t-elle. Ils s’aiment donc, et personne ne peut comprendre l’étendue de cet amour, qui se nourrit entre autre d’une enfance présumée très difficile du compagnon. Alice veut le sauver, c’est sa mission. N’a-t-elle pas tout quitté pour lui? Alice accepte tout, justifie tout, pardonne tout. Pressée par son bourreau de trouver du travail, la jeune femme est embauchée, un peu par hasard, au Promotorat des Causes des Saints du Diocèse de Paris.

Je n’en dis pas plus sur l’histoire elle-même, puisque cette chronique est censée être courte. La première intention du roman est formidable, la mécanique de l’emprise décrite avec une justesse sidérante – certaines scènes sont difficiles à lire- On souffre avec Alice, on rêve de la voir fuir cet homme complètement fou, on pourrait pleurer qu’elle n’y parvienne pas… Le parallèle entre sa situation et les histoires des saints qui entrecoupent le récit est original et passionnant.  La seconde intention du roman qui bascule en quelques pages dans la dystopie atténue pourtant mon enthousiasme. J’ai vaguement compris où l’autrice voulait en venir avec « les enfants endormis », (l’avoir écoutée en parler au Book Club m’a un peu aidée) mais quel dommage d’en rajouter une couche, lorsqu’on a déjà un sujet fort comme celui-ci, que l’on maîtrise qui plus est. Pas nécessaire, à mon avis.

Le témoin- Joy Sorman

Bart s’est installé au Palais de Justice. Vraiment installé. Le jour, il assiste à des audiences, le soir, il est planqué dans une sorte de niche à l’intérieur même du Palais, où il dort, mange (très peu), tente de laver ses maigres affaires pour conserver la dignité et la propreté qui l’aident à passer inaperçu. Situation plus qu’étrange. Qui est Bart? Pourquoi a-t-il décidé de se retirer du monde pour assister passivement au spectacle de la justice, jour après jour? On le saura, mais c’est un peu la faiblesse de ce bon livre, au demeurant très bien écrit. Les motivations ne tiennent pas d’après moi et le personnage de Bart apparaît comme un prétexte au défilé de scénettes auxquelles on assiste, médusé, à ses côtés. Passionnant du reste, ce cortège de petits voyous, de grands voyous, de mères maltraitantes, de femmes battues… Un peu d’irritation m’a gagnée par moments car la justice vue par Joy/Bart est bel et bien une justice de classe, arbitraire souvent, maltraitante avec les petites gens,  bien plus déférente avec les nantis. Et aussi, les coupables ont souvent droit à la clémence de Joy/Bart. Enfin, quelque chose m’a gênée dans cette affaire. A vous de voir.

La fin est surprenante, avec un splendide clin d’oeil auquel il est difficile d’échapper 🙂

La mort entre ses mains- Ottessa Moshfegh

Alors qu’elle promène son chien Charlie dans la forêt, Vesta Gul, 72 ans, veuve, qui vit retirée dans un bled paumé depuis la mort de son mari, tombe sur un étrange message disposé entre des petits cailloux noirs. Un message qui annonce qu’une certaine Magda est morte et qu’on ne la retrouvera pas. Et aussi que l’auteur du message n’est pour rien dans sa mort. L’imagination de la dame, dont on comprend qu’elle est extrêmement seule, se met immédiatement en marche. Résoudre l’énigme de la mort de Magda, inventer un auteur à ce message, leur tricoter des vies, voilà qui va tourner à l’obsession et révéler quelques failles chez la paisible Vesta.

C’est un bon petit roman au cheminement très psychologique, puisque c’est Vesta qui raconte. On entre tout de go dans le vif du sujet et puis ça s’installe, tout doucement. Vesta est obnubilée par le message et révèle par bribes des pans de son histoire. L’ambiance est inquiétante à souhait. Il y a des flics intrusifs, des voisins fort peu liants, un épicier au crâne arraché… Ce qui n’apparaissait qu’une lubie de vieille dame esseulée ne l’est plus tout à fait. Mon enthousiasme est une fois de plus pondéré par une fin énigmatique à laquelle je n’ai pas tout compris.  J’ai passé un bon moment tout de même, je vais suivre cette autrice américaine que je découvre.

7 réflexions au sujet de « Quelques chroniques en accéléré :) »

  1. J’ai aussi entendu Tiffany Tavernier au Book club, ça m’a donné plutôt envie de lire ce roman…
    Sinon, j’ai un très mauvais souvenir d’un autre roman d’Otessa Moshfegh, que j’avais trouvé bourré de détails inutilement sordides.

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