C'est très bon

Plage de Manaccora, 16h30 – Philippe Jaenada

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« Il m’arrive de fixer un arbre dans ma rue, mon ordinateur ou un toit par la fenêtre, en pensant que c’est peut-être la dernière chose que je verrais avant de mourir, et que je ne le sais pas encore. J’essaie de deviner, on ne peut rien faire d’autre. »

Voltaire (oui, il s’appelle Voltaire…) écrivain (comme l’autre mais un peu moins célèbre) est en vacances dans le sud de l’Italie avec sa femme Oum et son fils Géo (Trouvetout). Ils connaissent un peu le coin, ont quelques relations, même s’ils ne parlent pas la langue du pays. Le village de vacances est entouré de forêts, plus loin il y a la plage…

Le séjour s’annonce paisible- même si Oum a un sacré caractère, c’est une femme étonnante !- il ne le sera pas. Un incendie d’une incroyable violence se déclare soudain et embrase tout. Voltaire va tenter de sauver sa vie et celle de sa famille. Avec Oum et Géo, il fuit les flammes, court vers la plage, son éternel sac matelot sur le dos…

Voici un livre qui me pousse enfin à sortir de ma flémingite aigüe en matière d’écriture de billets littéraires  pour manger y’a du monde mais pour écrire ah, ça, on peut attendre longtemps très longtemps hein faignasse, parce que Jaenada, parce que roman tragico-comique, parce que très très bon. Oui, à présent, je fais dans le bref.

Pas comme Jaenada, qui aime l’écriture au long cours, (cf : ses derniers romans très très épais ) digresser sans cesse, jouer de la parenthèse sans jamais lasser. En tout cas, moi, il ne me lasse jamais. Je suis toujours épatée et prise de grosses bouffées de tendresse pour cet homme là quand je lis ses livres.

Il possède un étrange et incomparable talent, ce Jaenada, pour se raconter (les événements de ce roman sont autobiographiques et on en frémit pour lui ), faire sourire et même rire, alors qu’il se trouve dans une situation qu’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi. Son  terrible récit est jalonné de réflexions, d’anecdotes, de considérations souvent très drôles sur la vie, la mort, l’amour, les bistrots … D’un point de vue littéraire cette façon de procéder est très astucieuse: elle permet au lecteur de souffler un peu, et même de s’amuser, (l’évocation du record du monde d’ingestion de poireaux m’a fait hurler de rire, il fallait y penser, ce moment là est incroyable de drôlerie alors qu’il est question d’assurance vie…) car dans ce roman là, la charge émotionnelle est tout de même très forte…

Ce Voltaire qui se débat comme un beau diable pour rester vivant alors que les flammes gagnent du terrain, ne s’épargne jamais – non il n’est pas un surhomme, oui il veut monter dans ce bateau qui ne peut embarquer tout le monde et sauver sa peau… il veut vivre !- fait preuve d’une constante auto-dérision, on aimerait qu’il y ait plus de types comme lui dans la vraie vie.

Par les temps qui courent, ça ferait du bien.

« Elle était un chant égyptien qui passe dans la vie -avec quelques éclats de voix et notes déconcertantes, de temps en temps »

 

12 réflexions au sujet de « Plage de Manaccora, 16h30 – Philippe Jaenada »

  1. Un de mes préférés de l’auteur dans sa veine première, avant la réécriture de faits divers à sa sauce entre parenthèse. Je te rejoins complètement sur ce titre, et heureusement que l’on sait dès le début que sa famille a survécu, sinon, mon petit coeur ne serait fendu § Les comportements humains sont décrits avec drôlerie, mais un sacrée justesse sur ce la peur peut faire faire …

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  2. J’ai eu la chance de le rencontrer lors d’un tout petit festival, ce qui fait qu’il était très disponible pour discuter, on a même causé de nos enfants ados … Et bien, en vrai, c’est un vrai ours sensible, tu as envie de lui faire des bisous ( ce que je n’ai pas fait !)

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  3. Je possède ce roman, dédicacé lors d’un salon en 2015 (je l’ai revu depuis, chez Erwan Larher)(j’me la pète, mais je ne le connais pas vraiment) . Ceci étant, j’aime ce qu’il écrit!

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