C'est très bon

Le pain de l’étranger- Henri Troyat

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« Nous n’avons qu’une seule toile à notre disposition pour peindre les différentes étapes de notre destin. il est nécessaire, il est sain de recouvrir une couleur par l’autre. Toujours cette notion de santé qui excluait la tentation de la nostalgie »

C’est l’été, Comète nous ressort ses vieilleries, devez-vous vous dire en découvrant le titre de ce billet. Henri Troyat … Oui, Henri Troyat.

Mais qui lit encore Henri Troyat en 2020 ? Moi, madame, et je le dis haut et fort. Je dis même encore plus fort qu’Henri Troyat, c’est génial, que ça ne prend pas une ride malgré les années et que ça mérite mieux que de finir au recyclage pour origami (ce livre était promis à ce sort funeste dans mon CDI, je l’ai sauvé de justesse…)

C’est l’histoire de Pierre Jouanest, dentiste de son état. Il est veuf et vit dans une belle maison, à Milly-la-Forêt. Son jardinier, Miguel, un portugais taiseux et travailleur, a deux jeunes enfants, avec lesquels Pierre n’entretient que des rapports lointains. Un événement dramatique va faire évoluer la relation entre Pierre et les gamins du jardinier, dont il va devenir le protecteur attentionné. Les enfants vont eux aussi s’attacher à lui…

Mais le bonheur des uns…

Avec ce petit livre intense, d’une grande finesse psychologique, on n’est pas loin du chef-d’oeuvre. Comme à chaque fois que je lis Henri Troyat, je ne peux m’arrêter avant la dernière ligne et je suis subjuguée par tout, car tout est formidable chez ce grand auteur : la beauté et la précision de l’écriture, les personnages si bien décrits, si justes et si vrais, le génie pour faire monter en puissance une situation apparemment toute simple : un bon bourgeois pense faire le bien et se fourvoie complètement. Chez Troyat, aucun manichéisme, jamais, Pierre nous indigne autant qu’il nous émeut, quant à Miguel, il est saisissant d’immobilisme, c’est à pleurer… mais en vérité, que peut-il faire d’autre? La catastrophe est déjà en marche et le malheureux jardinier, homme de (très) peu de mots, n’est pas de taille…

La fin m’a laissé bouche ouverte tant elle est brutale et déchirante. Inattendue et pourtant inéluctable.

Je milite ardemment pour qu’on n’oublie pas l’immense Henri Troyat. Les écrivains dotés d’un si grand sens du romanesque, d’une écriture aussi belle, d’une telle puissance narrative, ne sont pas si nombreux. Et puis, je me répète (c’est l’été Comète a chaud elle radote…) mais il y a ceux qui parlent de leur pépé et mémé à longueur de livre et ceux qui racontent des histoires qui vous emportent, vous font frémir ou pleurer…

Relisons Henri Troyat, plutôt que d’en faire des origamis.

14 réflexions au sujet de « Le pain de l’étranger- Henri Troyat »

  1. J’en ai lu beaucoup dans ma jeunesse et j’aimais ça. Il était respecté à l’époque, on n’en faisait pas des origamis. C’est curieux qu’on l’ai relégué à un écrivain quasiment mineur aujourd’hui.

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  2. Je n’ai jamais lu Troyat et je pense que c’est un grave manque. J’aime beaucoup quand Comète a chaud … Aifelle pose une question essentielle : pourquoi son œuvre n’émerge pas autant ? J’ai le sentiment qu’appartenir à l’Académie française vous relègue aux armoires poussiéreuses, bref qu’au lieu d’être un propulseur de talents, cela vous étiquette de vieux, d’elotiste ou d’illisible à tort. Plein de bises froides et numériques 😘

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    1. Je suis d’accord avec toi même si Joël Dicker a eu le grand prix de l’académie française pour Harry Quebert… elle tente peut-être de se donner un coup de jeune … une chose est sûre : tu devrais lire Henri Troyat !:))))

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  3. Oui je comprends mais regarde : ce sont des vieux qui cherchent à rajeunir leur image … avec des écrivains comme Dicker ! Si tu veux commencer à lire Henri Troyat il y a mon livre adoré entre tous «  les Eygletiere » ( 3 tomes) . Une saga puissante et magnifique

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      1. Ce n’est pas une série mais le livre a été découpé pour plus de commodité, je pense. Pour ma part j’ai découvert ce merveilleux roman en un seul volume il y a très longtemps en fouillant dans la bibliothèque de mes parents… j’avais 16 ans!

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