indigeste

Seule en sa demeure- Cécile Coulon

« Les arbres chuchotèrent jusqu’à l’aube, car tout se passe toujours la nuit, les grands événements se cachent des lumières vives, craignant d’être brûlés ».

La jeune Aimée est prête à se marier. Elle n’a guère le choix, on est au XIXe siècle et son destin est celui d’une épouse et d’une mère. Elle quitte donc ses parents et son cousin bien-aimé Claude, avec qui elle a été élevée, pour épouser Candre, riche propriétaire jurassien du domaine de Marchère. Candre, catholique fervent, au passé douloureux- sa mère est décédée brutalement alors qu’il était enfant et sa première femme a succombé à une maladie des poumons, très vite après leur mariage- ne semble pas un méchant homme, mais il est d’une nature froide, toujours une Bible à la main. Henria, la bonne qui l’a élevé après la mort de sa mère, avec son propre fils, veille sur la maisonnée. Aimée tente de s’habituer à sa nouvelle vie mais sent pourtant qu’on lui cache des choses : la maison est pleine de silences, de mensonges et de bruits bizarres, sans oublier la présence dérangeante et furtive du fils d’Henria. L’arrivée d’Emeline, dynamique professeur de musique, permettra-t-elle de lever des secrets jusque là bien gardés?

Eh bien, quand ça ne passe pas, ça ne passe pas. Je crois que Cécile Coulon dont le « Coeur du pélican » m’était déjà tombé des mains il y a quelques années, n’est définitivement pas une autrice pour moi. J’étais pourtant prête à lui redonner une chance après des années de bouderie absolue, parce que le sujet de son dernier roman me plaisait bien. Une femme, une maison, des secrets, un siècle que j’adore (le XIXe, Maupassant, la vie de château et tout ça…), ça promettait. Et l’entrée en matière est, il faut le dire, magistrale. Une femme s’écroule pendant la messe : les vitraux, les statues, les couleurs, la nef, un coeur qui lâche… c’est beau et terrible. C’est ce que j’appelle un bon départ et voilà Comète qui se dit qu’elle a eu raison de retenter Cécile Coulon…

…Avant de changer d’avis, définitivement, au fil des 333 pages, qui peu à peu, déçoivent totalement : cette histoire censée faire frissonner est en fait cousue de fil blanc. Tout va trop vite, rien n’est approfondi, les événements se succèdent sans fluidité, faut juste les placer. Les personnages n’ont aucune épaisseur, aucune profondeur, ils sont tantôt beaux et forts (Angelin) pour devenir quelques pages plus loin maigres et frêles (toujours Angelin). Le mari, parlons-en, il est gentil, puis soudain diabolique, (rien ne le laisse supposer, ça ne marche pas du tout cette affaire) puis en fait non… et puis…

La fameuse prof de musique : elle apporte joie, lumière, tendresse (désir…) à Aimée, une relation se tisse entre les deux femmes et là aussi, on ne comprend pas pourquoi. La relation n’existe pas, elle n’est pas décrite, aucune progression, très peu de tension, pas d’émotion, le lien auquel Cécile Coulon veut nous faire croire est totalement artificiel, plaqué. Voilà, soudain, en plus du cours de flûte qu’elle donne une heure et demie par semaine, cette Emeline chargée d’une mission : sauver Aimée (mais de quoi…).

Clichés et poncifs abondent à toutes les pages et Cécile Coulon use et abuse des métaphores : elle en fait trop, elle force l’image, elle pousse, elle pousse, elle envoie de la métaphore et du lyrique aussi loin qu’elle peut, sans doute pour remplir le vide. Parce que oui, c’est bien vide tout ça. Poussif et ennuyeux. Je ne vous dis rien sur la fin du roman, qui m’a totalement affligée. N’importe quoi.

Et je suis désolée de le dire, mais une autrice aussi connue que Cécile Coulon ne se fait plus relire ni corriger par son éditeur. Sinon, il lui aurait forcément signalé ce pénible tic d’écriture : l’expression « drôle de… » qui revient toutes les trois pages. ça a parasité ma lecture, en plus du reste. Je voyais des « drôles de  » partout. Pourquoi ne relit-on plus les manuscrits ? ça coûte trop cher?

Un ratage total.

24 réflexions au sujet de « Seule en sa demeure- Cécile Coulon »

  1. Dans mes bras ! J’avais pourtant aimé Le roi n’a pas sommeil, un des premiers romans de Cécile Coulon, mais quand j’ai essayé Trois saisons d’orage, rien ne m’a plu : comme toi, j’ai trouvé les images forcées, et la partie que j’ai lu avant d’abandonner très artificielle et limite cliché (quoique je devrais peut-être enlever le mot limite). Bref, pas ma tasse de thé du tout !

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    1. J’ai trouvé dans ce roman des défauts qui sautent aux yeux et surprennent de la part d’une autrice confirmée. Elle n’a pas préparé de fiches de personnages sans doute pour faire varier autant les portraits et les caractères, et elle ne s’est sûrement pas relue… C’est quand même embêtant.

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  2. J’ai moi aussi abandonné cette autrice après avoir tenté à deux reprises de lire ces livres qui ont une large couverture médiatique. J’avais été émoussée à chaque fois, me demandant vraiment à quoi tient justement, ce succès ? Musso, je n’aime pas, mais je comprends que ça marche, il y a une intrigue, mais dans les deux textes que j’ai lus de Cécile Coulon, c’est comme dans celui que tu présentes, il n’y a rien qui se tient !

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  3. Tu fais bien de le souligner : le travail du correcteur ne se concentre pas uniquement sur l’orthographe mais concerne aussi la vérification de la cohérence du texte, de l’exactitude des faits (historiques, géographiques…) décrits. Et tout ce temps passé a un coût que beaucoup de maisons d’édition ne sont pas en mesure de supporter (faute de budget, de volonté…). C’est donc une étape importante du travail d’édition qui est malheureusement de plus en plus zappée.
    J’imagine qu’ici la maison a fait confiance à l’autrice… qui est aussi éditrice d’une collection de la maison 😉

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  4. J’ai trouvé dans ce roman des défauts qui sautent aux yeux et surprennent de la part d’une autrice confirmée. Elle n’a pas préparé de fiches de personnages sans doute pour faire varier autant les portraits et les caractères, et elle ne s’est sûrement pas relue… C’est quand même embêtant.

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