« D’abord ce fut comme un grand morceau de pays forestier arraché tout vivant, avec la terre, toute la chevelure des racines de sapins, les mousses, l’odeur des écorces ; une longue source blanche s’en égouttait au passage comme une queue de comète. ça vient sur moi, ça me couvre de couleur, de fleurance et de bruits et ça fond dans la nuit sur ma droite. Y avait de quoi vous couper l’haleine ! »
Le vieil Amédée, un journalier au grand coeur, fait la connaissance d’Albin, un gars de Baumugnes, un bled tout là haut dans la montagne. Albin est anéanti par le chagrin. Il se confie à Amédée. Trois ans plus tôt, il est tombé amoureux d’une jeune fille, Angèle, sans oser lui avouer ses sentiments. Angèle s’est laissée séduire par Louis, un mauvais garçon qui l’a mise sur le trottoir. Tout à sa douleur, le pauvre Albin n’est plus jamais retourné à Baumugnes. Amédée décide de prendre l’affaire en main et se rend à Baumugnes où il loue ses services de valet de ferme aux parents d’Angèle, Clarius et Philomène, des patrons bien malheureux. Amédée finit par découvrir qu’Angèle est revenue au bercail avec un bébé, de père inconnu. Son enfant et elle sont enfermés à la cave.
Eh bien, on peut dire que j’ai reçu une sacrée claque avec ce roman éblouissant, comme à l’époque lointaine d' »Un roi sans divertissement ». La langue rugueuse et charnelle de Giono, le grand souffle poétique qui traverse les pages, magnifié par Jacques Bonnaffé (quelle lecture vibrante il fait de ce roman !), j’avais oublié à quel point tout cela est beau. Le monde que décrit Giono est rude. La nature et les hommes sont impitoyables : l’orage gronde et fait craquer la terre, tord les arbres avec fureur tandis que les hommes souillent les femmes, les jettent sur le trottoir ou bien à la cave pour effacer la honte. Mais l’humanité, dans les récits de Giono, c’est aussi des coeurs purs comme celui du vieil Amédée, la tendresse d’une mère pour son enfant (j’ai tellement aimé ces doux moments avec Angèle et le petit »Mr Pancrace »), l’amour inconditionnel d’un homme pour une femme à laquelle il ne peut renoncer.
Une merveille, ce roman, adapté en son temps par Marcel Pagnol.
Merci à Ingannmic d’avoir remis Giono sur ma route 🙂
Je ne l’ai pas lu ce roman là et tu me fais très envie. J’ai dû voir le film il y a longtemps, je ne m’en souviens pas vraiment.
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Moi aussi, ça date! Pour le moment je reste sur l’émerveillement du livre …
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C’est le titre qu’a lu Marilyne pour cette lecture commune, et à vous deux, vous donnez vraiment envie…
Ton enthousiasme fait plaisir à lire !
Ingannmic
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C’est une lecture assez magique, et le lecteur y est aussi pour quelque chose !
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Je tenterais bien en livre audio à l’occasion, Giono a l’air de bien sonner à l’oral…
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Ça dépend beaucoup du lecteur et Jacques Bonnaffé est magnifique !
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Tu as l’air enchantée par ta lecture. Le sujet n’est pourtant pas si facile… je suppose que le style de Giono y est pour beaucoup
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C’est beau, magnifiquement écrit, avec des moments durs mais aussi une douceur très inattendue, j’ai adoré.
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Je crois l’avoir lu il y a longtemps !! Giono doit se prêter particulièrement bien à la lecture à haute voix tant son écriture est poétique, riche, pleine d’images et charnelle !
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