« Mais on peut cacher tout ce qu’on veut sous un tapis, ce sera toujours un tapis avec plein de trucs en dessous »
Sophie, jeune provinciale assez introvertie, débarque à Paris pour un stage dans la comm’. Elle rencontre Marcus, un comédien, et ils tombent fous amoureux. Une belle histoire commence avec tous les bons ingrédients : passion, tendresse, complicité physique et intellectuelle, vie commune… oui mais voilà, les histoires d’amour finissent mal en général surtout quand le partenaire adoré se révèle être un authentique manipulateur et entreprend de faire de votre vie un enfer.
C’est ce qui est arrivé à Sophie et qu’elle raconte dans cette BD avec une bonne dose de dérision et la complicité d’un certain Chocolat (une sorte de Jiminy Criquet version ours en peluche un peu porté sur la bouteille). C’est tout simplement terrible.
Menaces, crises de jalousie, chantage au suicide, mensonges à répétition, culpabilisation, mises à l’écart immédiatement suivies de retours enflammés, la jeune femme est perdue. Elle endure tout et plus encore le temps que durera sa relation, et même après la rupture. Chocolat a bien tenté de la mettre en garde, de pointer les agissements bizarres de Markus, sa personnalité trouble… Sophie est amoureuse, elle pardonne, fait l’autruche et sombre peu à peu dans une dépression profonde dont elle mettra du temps à se relever. On ne guérit pas facilement d’une relation aussi destructrice.
Sophie sort pourtant la tête de l’eau grâce à une thérapeute qui lui fait prendre conscience que Marcus ne l’a pas choisie par hasard. Il y a dans la personnalité de Sophie, dans son histoire, des éléments qui font d’elle une proie pour ces dangereux individus que sont les manipulateurs, pervers narcissiques et autres vampires psychiques.
La première partie de la BD est le récit de l’histoire de Sophie, étape par étape : la rencontre, cuicui les petits oiseaux, amour toujours et puis les incidents qui se multiplient, jusqu’au craquage… la deuxième est plus didactique mais conserve l’humour propre à l’autrice. Avec un sujet aussi difficile, elle parvient à faire rire ! Chapeau, vraiment. Sophie a beaucoup lu, s’est renseignée, elle a appris, enfin compris à qui elle avait affaire et livre une sorte de manuel de survie pour quiconque tombe entre les pattes d’un manipulateur : apprendre à les détecter, en réchapper…
J’ai adoré cet album, touchant au possible, très perturbant aussi. J’ai aimé la rondeur des dessins, le choix des couleurs (noir et rouge) l’expressivité des personnages, vraiment fortiche. Le trait de Sophie Lambda est épuré, tout comme son écriture, il dit l’essentiel tout en exprimant les choses de façon très imagée. Elle représente le manipulateur comme une sorte de monstre qu’il ne s’agit pas d’affronter avec un lance-pierre ridicule : « ce serait comme essayer de guérir de la peste avec des tic-tac » prévient Sophie. Elle a un sacré sens de la formule ! La couverture de l’album est elle aussi très parlante…
Une BD excellente, salutaire, d’utilité publique, qu’on soit concerné ou pas par le problème, c’est important de savoir qu’il existe des gens comme ça, pour mieux s’en protéger si jamais…
Un grand bravo à Sophie et un grand coup de coeur !
Oh que oui, excellente BD, sur tous les plans. Ton billet est complet.
Oui, je l’ai lue , et comme souvent ‘pas de billet’. Lecture recommandée, qu’on soit concerné ou pas.
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Oui c’est à lire vraiment ! Sur un sujet difficile l’auteure émeut et fait rire … j’adore
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Elle est à ma bibliothèque, je vais pouvoir l’emprunter.
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Tu vas voir, c’est excellent !
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L’extrait que tu mets est glaçant.
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Oui … ça illustre bien ce que l’auteure a vécu … violence et distorsion de la réalité ( c’est lui qui fait des crises de jalousie …)
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J’hésite, j’ai peur de trop m’y retrouver, mais en même temps ça pourrait aider… (ça date, cette histoire, mais les traces sont toujours là)
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C’est un sujet sensible …
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